La qualité ça se vit au quotidien (French only)

Backgrounder 5 - Evaluation

Cette fiche présente des méthodes permettant d'évaluer la qualité de l'expérience vécue dans les espaces publics et bâtiments montréalais. Elle s'appuie sur la récolte de récits personnels et subjectifs, qui permettent de mieux comprendre la valeur sociale d'un lieu. Huit méthodes d’analyse sont ici présentées, ainsi que le rôle de la marche — ou de la « marchabilité » — comme outil d’exploration sensible du territoire.

Le contenu de cette fiche est extrait d'un rapport de recherche universitaire produit par la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l’excellence de l'Université de Montréal, dans le contexte de l'appel de propositions Développer ensemble une plus forte culture du design (éd. 2)

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Qu'est-ce que l'expérience vécue de la qualité?

Qu'est-ce que l'expérience vécue de la qualité?

« [...] l'expérience vécue peut être définie comme la compréhension subjective et personnelle d'espaces, de bâtiments et d'activités qu'un individu a acquise grâce à ses propres échanges directs, observations et interactions. Cette expérience vécue est liée à un contexte particulier et suppose d’avoir occupé l'espace ou le bâtiment pendant un certain temps, que ce soit de façon épisodique ou sur une base quotidienne. » 

L'expérience vécue est donc tout à fait personnelle, subjective et individuelle, par nature. Elle doit laisser une impression durable et joue un rôle important dans la formation des opinions, des valeurs, des attitudes et des comportements d'une personne. 

Pourquoi recueillir les expériences vécues

Pourquoi avons-nous besoin de recueillir les expériences vécues?

« L'expérience vécue est devenue la zone grise des statistiques et des données préalables à la constitution de l’architecture et de la ville. Mais, il faut le souligner d’emblée, cette situation est le fait d’une méconnaissance et non d’un manque de méthodes d'analyse appropriées. Cette méconnaissance conduit à de sérieuses difficultés dans l’atteinte des objectifs de qualité. » 

La valeur sociale de l'environnement bâti peut être en partie mesurée à l'aide de critères issus de méthodes sociologiques traditionnelles. Une véritable compréhension de cette valeur exige aussi par ailleurs une approche ethnographique, fondée sur des témoignages sincères et impartiaux. Ces récits d'expériences personnelles, souvent difficiles à recueillir, doivent être collectés très en amont d’un processus de projet. Leur richesse réside dans le savoir vécu qu'ils transmettent - un savoir qu'il faut apprendre à écouter et interpréter avec sensibilité et attention.

8 méthodes d'analyse de l'expérience vécue de la qualité

8 méthodes d'analyse de l'expérience vécue de la qualité

Consulter le rapport complet pour plus d'informations et astuces sur ces méthodes.

L’entretien

La méthode de l'entretien aide à mettre en évidence des faits relatés, via un processus d'entrevue, qui peut prendre plusieurs formes :

  • L’entretien directif
  • L’entretien semidirectif
  • L’entretien compréhensif
  • Les groupes de discussion
  • Le sondage
L’observation directe

La méthode d'observation directe consiste à étudier le comportement des usagers et usagères dans l'environnement bâti. La méthode d’observation peut utiliser plusieurs outils pour recueillir des données nécessaires à l’étude de l’espace public :

  • Le dénombrement
  • La cartographie comportementale
  • Le traçage
  • La recherche de trace
  • La photographie
  • Le journal de bord
  • La promenade d'essai
Le photovoix

La méthode dite « photovoice » ou photovoix invite les personnes à commenter des lieux à travers des représentations photographiques. 

  • Les personnes en charge de la collecte de données peuvent prendre des photos des différents espaces pour ensuite discuter avec les personnes entretenues, ou ces dernières peuvent elles-mêmes participer à la capture de leurs propres images.
La cartographie émotionnelle

La cartographie émotionnelle demande aux personnes interrogées de traduire les différentes émotions qu’elles ressentent sur une représentation du site désigné.

  • Cela peut prendre la forme d’une carte, plus ou moins précise ou imagée, ou encore d’un plan de distribution d’un bâtiment ou d’un aménagement paysager. Par des bulles de dialogues ou un coloriage particulier, la personne interrogée indique comment elle se sent dans certains espaces du site.
L’évaluation post-occupation (EPO)

L'EPO est une méthode d'évaluation des bâtiments et des espaces publics après leur construction et occupation, visant à mesurer leur performance, efficacité organisationnelle et impacts environnementaux, tout en fournissant un retour d'information pour améliorer la conception future. Elle présente également l'occasion de récolter des données sur l'expérience vécue par les utilisateurs et utilisatrices, ainsi que les aspects sociaux des lieux. Elle utilise des outils tels que :

  • La surveillance mécanique
  • Les questionnaires
  • Les entretiens structurés
  • L'observation des utilisateurs et utilisatrices
Le collage

La méthode du collage reflète la manière dont les personnes perçoivent le monde. Les objets ne prennent pas de signification à partir de leurs propres caractéristiques, mais plutôt par rapport à la façon dont ils sont perçus en relation avec d'autres objets.

  • Les personnes rencontrées en entrevue peuvent exprimer leurs expériences sur des cartes ou des vues en plan via des collages d’images d’objets, d’animaux ou de personnes représentant des activités précises. 
La promenade commentée

La promenade commentée est une méthode qui allie mouvement, observation et description. Il s’agit d’un type d’entretien qui se déroule en se déplaçant dans l’espace. Ce mouvement permet aux interlocuteurs et interlocutrices de discuter autour des différents types de paysages qui apparaissent au fur et à mesure qu’ils se déplacent. La méthode de promenade commentée implique trois activités simultanément requises : 

  • Le mouvement 
  • L'observation 
  • La description
L'intertexte

La méthode dite d'« intertexting » ou d'intertexte se déroule en groupe. Elle permet aux participants et participantes de produire un diagnostic croisé des environnements urbains. En s'engageant dans des explorations de groupe, un récit partagé se développe autour de la marche commune exercée. L'intertexting combine trois activités :

  • La marche sensible
  • La photographie
  • La cocréation d'une œuvre collective qui relate l'expérience vécue
Marcher la qualité au quotidien

Marcher la qualité au quotidien

La marche ou la « marchabilité » joue un rôle fondamental dans la perception et le ressenti, voire dans le témoignage relatif à l’expérience vécue. Du point de vue de la personne qui se déplace, la « marchabilité » reflète la façon dont l'environnement bâti fonctionne et l'affecte (positivement ou négativement), lorsqu'on le parcourt et le traverse. 

« J'aime tout voir en quelques secondes, avoir un coup d'œil, un coup d'œil assez rapide de tout ce qu'il y a à l'intérieur [...]. C'est efficace. C'est un point de repère pour la personne qui circule aussi, donc elle peut se repérer assez rapidement . »

- Participant à un cours de gymnastique, complexe Sportif Saint-Laurent

« Ce que j'aime, c'est qu'il y a beaucoup de lumière. Et en été, c'est bien climatisé, donc on profite à la fois du soleil et de la fraîcheur de l'air conditionné. Mais je pense aussi que ce qui est génial pour les enfants, c'est que lorsque vous allez au bout de la section des tout-petits, il y a beaucoup de plantes. Je me souviens que la première fois que nous sommes venus ici, Paul a dit « Oh, des plantes », et il voulait les toucher. Oui, je trouve que c'est très joli. Il y a des baies vitrées, puis de grandes plantes et ensuite, oui, c'est très amusant avec les bébés. »

- Maman avec un bébé en poussette, bibliothèque Marc-Favreau

La notion de « marchabilité » met en évidence la relation essentielle entre la marche et les actions quotidiennes des piétons et piétonnes, dans la définition de la qualité de l'environnement bâti. Le fait de marcher sert à la fois d'acte et de critère pour comprendre et améliorer l'expérience du piéton et de la piétonne en milieu urbain.

Les témoignages permettent de mieux comprendre comment les personnes perçoivent l'environnement bâti et interagissent avec lui dans divers contextes. En capturant ces expériences vécues, l'analyse met en lumière les qualités qui contribuent à la création d'espaces urbains significatifs et équitables. Ces informations soulignent l'importance de la praticabilité, de la valeur sociale et de la durabilité pour créer des environnements favorisant l'inclusion et le bien-être.

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